Inspiré par Jack Kerouac, l’écrivain emblématique de la Beat Generation, Kim Jones, le directeur artistique des lignes masculines de Dior, signe une collection automne 2022 joyeuse et renversante.

On savait&nbsp;<a href="https://www.lofficiel.be/hommes/dior-presentera-son-defile-homme-automne-hiver-2022-2023-a-londres-la-ville-natale-de-kim-jones" rel="noopener" target="_blank">Kim Jones</a>&nbsp;collectionneur de v&ecirc;tements, mais aussi grand bibliophile. L&rsquo;exposition d&eacute;voil&eacute;e le 9 d&eacute;cembre &agrave; Londres r&eacute;v&eacute;lait un pan de sa collection ph&eacute;nom&eacute;nale de livres publi&eacute;s par les figures de la Beat Generation - Kerouac, donc, mais aussi Gregory Corso, Allen Ginsberg, Charles Bukowski, sans rien ignorer de leur rayonnement (litt&eacute;ralement) sur le monde de l&rsquo;art, de Warhol &agrave; Ed Ruscha en passant par Robert Frank, Charlie Parker, Lou Reed ou Patti Smith, c&rsquo;est tout un monde qui s&rsquo;est &eacute;panoui sur ce fertile terreau.

Fertile, parce que s&rsquo;affranchissant de tout - des convenances, des normes, des formes - pour composer une nouvelle syntaxe, un vocabulaire neuf, mettant &quot;un bonnet rouge au vieux dictionnaire&quot;&nbsp;pour reprendre une formule de Victor Hugo. Kerouac entame la r&eacute;daction de &quot;Sur La Route&quot;&nbsp;(&quot;On The Road&quot;, en version originale) - &eacute;pop&eacute;e mystique, sensuelle, empruntant aussi bien aux envol&eacute;es hom&eacute;riques qu&rsquo;aux transes rimbaldiennes, en 1951, soit, pr&eacute;cis&eacute;ment l&rsquo;ann&eacute;e o&ugrave; Christian Dior offre &agrave; la mode une nouvelle impulsion&hellip;

&quot;Avant d&rsquo;imaginer une nouvelle collection, je commence toujours par &eacute;tudier les archives de la maison Dior&quot;,&nbsp;nous disait le cr&eacute;ateur &agrave; quelques heures du d&eacute;fil&eacute;. &quot;Ce qui m&rsquo;int&eacute;ressait cette saison, c&rsquo;&eacute;tait justement cette co&iuml;ncidence. Beaucoup d&rsquo;&eacute;crivains de la Beat Generation &eacute;taient install&eacute;s &agrave; Paris, sur la Rive Gauche. La sc&egrave;ne qui gravitait autour de ces &eacute;crivains allait bien au-del&agrave; de la litt&eacute;rature, cela m&rsquo;a toujours fascin&eacute;.&quot;

Pour la premi&egrave;re fois depuis 2003, Kim Jones pr&eacute;sentait une collection &agrave; Londres, la ville o&ugrave; il &eacute;tudia &agrave; Saint Martins. &quot;Louise Wilson, qui y enseignait, a beaucoup compt&eacute; pour moi, elle m&rsquo;a &eacute;norm&eacute;ment soutenu. J&rsquo;ai gard&eacute; de cette &eacute;poque certains dessins, dont il m&rsquo;est arriv&eacute; de me servir&hellip; Nous avons invit&eacute; cette ann&eacute;e des &eacute;l&egrave;ves, c&rsquo;&eacute;tait important pour moi.&quot; Le d&eacute;fil&eacute; confirmera l&rsquo;immense talent du cr&eacute;ateur &agrave; donner au <a href="https://www.lofficiel.be/fashion-week/kim-jones-signe-le-retour-du-tailoring-avec-dior" target="_blank">tayloring</a>, l&rsquo;essence m&ecirc;me de la maison Dior, une &eacute;nergie toujours exub&eacute;rante, enthousiaste, vibrante : &quot;en effet, c&rsquo;est le lien qui r&eacute;unit toutes mes collections. D&rsquo;une certaine fa&ccedil;on, de saison en saison, je raconte une histoire, qui exprime tout l&rsquo;ADN de la maison Dior.&quot; La fluidit&eacute; des genres, d&eacute;sormais force motrice de la cr&eacute;ation, est au c&oelig;ur des pr&eacute;occupations de Kim Jones&nbsp;:&nbsp; &quot;Je pense m&ecirc;me que cette discussion n&rsquo;a pas encore vraiment commenc&eacute;, je n&rsquo;ai jamais jug&eacute; qui que ce soit d&rsquo;apr&egrave;s leurs v&ecirc;tements. Plus les styles se m&eacute;langent, plus c&rsquo;est int&eacute;ressant.&quot;&nbsp;

Le lendemain, on aura confirmation que l&rsquo;&acirc;me de la collection a des envies de libert&eacute;, d&rsquo;ailleurs r&ecirc;v&eacute;s, d&rsquo;aventures - &agrave; l&rsquo;&eacute;vidence, apr&egrave;s deux ans de confinements d&rsquo;intensit&eacute;s variables, ces silhouettes color&eacute;es, souples, intens&eacute;ment d&eacute;sirables (lors de notre entretien, Kim Jones avouait l&rsquo;immense plaisir, sans m&eacute;lange, qu&rsquo;il tirait de voir dans la rue ses cr&eacute;ations port&eacute;es), viennent apporter une certaine lib&eacute;ration des sens.&nbsp;&nbsp;Une magnifique sc&eacute;nographie, &eacute;voquant le mythique manuscrit de &quot;Sur La Route&quot;, &eacute;crit sur un rouleau de 36 m&egrave;tres de long, sur lequel les mannequins semblaient l&eacute;viter, comme port&eacute;s par les mots, donnait au&nbsp;d&eacute;fil&eacute;&nbsp;des allures de manifeste, plaidant pour l&rsquo;acceptation de soi, la fantaisie a&eacute;rienne, appellant &agrave; laisser le(s) plaisir(s) nous guider. Chemises &agrave; carreaux, blousons doubl&eacute;s, fa&ccedil;on camionneurs, mailles souples, solides souliers, pulls immacul&eacute;s, bonnets flamboyants, cravates fines, maroquinerie nomade, palette chromatique ample : c&rsquo;est autant un imaginaire qu&rsquo;un vestiaire que Kim Jones propose. Entre &eacute;loge sinc&egrave;re de la boh&egrave;me vagabonde, aux semelles de vent, luxe assum&eacute; des mati&egrave;res et instinct toujours sid&eacute;rant pour le travail tr&egrave;s couture sur le dressing masculin, le cr&eacute;ateur signe une collection intens&eacute;ment personnelle, intime m&ecirc;me, que la performance de&nbsp;<a href="https://www.lofficiel.be/art-culture/grace-jones-en-6-films-incontournables" rel="noopener" target="_blank">Grace Jones</a>&nbsp;en acm&eacute; de la soir&eacute;e rendait bouleversante.&nbsp;&quot;There was nowhere to go but everywhere, so just keep on rolling under the stars&quot;, &eacute;crit Kerouac : en effet, avec Dior Hommes, filons sous les &eacute;toiles....

Dior Hommes enchante Londres avec son éloge de la liberté et du style

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