H&eacute;las, il est temps de quitter l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne renversante d&rsquo;une s&eacute;rie unique.

"<a href="https://www.youtube.com/watch?v=tINyMbNZytI" target="_blank" rel="noopener">Comment te dire adieu</a>" s&rsquo;interrogeait Fran&ccedil;oise Hardy en 1968, se dire convenablement <a href="https://www.youtube.com/watch?v=4Gx6s1ARfOk" target="_blank" rel="noopener">goodbye</a>, sans d&eacute;plorer les modalit&eacute;s des adieux comme Leonard Cohen ? Dilemme parfois prosa&iuml;quement r&eacute;solu mais souvent h&eacute;riss&eacute; d&rsquo;&eacute;pines : il arrive quelque fois qu&rsquo;une s&eacute;rie nous aspire si fortement dans son sillage que l&rsquo;impression de l&rsquo;habiter au quotidien nous saisit. S'en arracher est un cr&egrave;ve-c&oelig;ur. D&eacute;couverte dans ces heures molles et mornes du confinement, avec retard, La Fabuleuse Mme Maisel nous avait sid&eacute;r&eacute; par sa finesse d&rsquo;&eacute;criture, ses interpr&egrave;tes extraordinaires, son humour r&eacute;volt&eacute; et m&eacute;lancolique. Sa d&eacute;licatesse plastique, enfin, et son art pour dessiner des personnages aussi complexes qu&rsquo;attachants, la rendaient absolument singuli&egrave;re, &eacute;clatante de vitalit&eacute; cr&eacute;ative dans un paysage t&eacute;l&eacute;visuel qui, depuis, semble s&rsquo;&ecirc;tre tristement align&eacute; sur une seule tonalit&eacute;, monotone, anxiog&egrave;ne, pr&eacute;visible. Elle &eacute;voquait volontiers les grandes heures du cin&eacute;ma classique hollywoodien, par son &eacute;nergie, sa malice, le soin apport&eacute; &agrave; chaque d&eacute;tail de la m&eacute;canique comique. <span style="background-color: transparent; font-family: inherit; font-size: inherit; font-style: inherit; font-variant-ligatures: inherit; font-variant-caps: inherit; font-weight: inherit; letter-spacing: 0px;">S&rsquo;il est toujours pr&eacute;f&eacute;rable de ne rien dire d&rsquo;un r&eacute;cit et de ses ressorts, pour laisser intact le plaisir de la d&eacute;couverte, disons seulement que nous retrouvons Midge Maisel l&agrave; o&ugrave; nous l&rsquo;avions laiss&eacute;e : pas au mieux.

Alex Borstein © Philippe Antonello/Prime Video

 Rachel Brosnahan et Luke Kirby © Philippe Antonello/Prime Video

De gauche à droite :  Joel Johnstone, Rachel Brosnahan, Michael Zegel © Philippe Antonello/Prime Video

De gauche à droite :  Caroline Aaron, Kevin Pollak, Michael Zegen, Rachel Brosnahan, Marin Hinkle, Tony Shalhoub © Philippe Antonello/Prime Video

<span style="background-color: transparent; font-family: inherit; font-size: inherit; font-style: inherit; font-variant-ligatures: inherit; font-variant-caps: inherit; font-weight: inherit; letter-spacing: 0px;">Les &eacute;pisodes mis &agrave; notre disposition - tous, &agrave; l&rsquo;exception du dernier -, se d&eacute;ploient avec beaucoup de libert&eacute;, suivant des figures famili&egrave;res, dont l&rsquo;exceptionnelle Susie (Alex Borstein, mod&egrave;le d&rsquo;actrice comique), la manageuse de Midge, les parents, etc., accordant &agrave; tous et toutes un regard empathique. Disons aussi qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;image de la premi&egrave;re saison, dans une habile boucle, Maisel est (re)plong&eacute;e dans des zones d&rsquo;inconfort, repartant au combat pour creuser des br&egrave;ches et se faire sa place - ce qui, au fond, est une probl&eacute;matique universelle : dans quel espace pouvons-nous &ecirc;tre pleinement soi-m&ecirc;me, &eacute;panoui-e , et comment l'obtenir ? Cette patine m&eacute;taphysique concerne l&rsquo;ensemble des protagonistes, et distille au c&oelig;ur de la s&eacute;rie l&rsquo;essence m&ecirc;me de la com&eacute;die, un traitement virevoltant, acide, tourment&eacute;, burlesque, de nos interrogations existentielles. S'&eacute;manciper des conventions, s'affranchir des r&egrave;gles pour (re)d&eacute;finir son identit&eacute; et la revendiquer fi&egrave;rement : ces enjeux cruciaux sont au c&oelig;ur de ces cinq saisons, trait&eacute;s avec une &eacute;l&eacute;gance jamais prise en d&eacute;faut. <span style="background-color: transparent; font-family: inherit; font-size: inherit; font-style: inherit; font-variant-ligatures: inherit; font-variant-caps: inherit; font-weight: inherit; letter-spacing: 0px;">Enfin, comment se s&eacute;parer d&rsquo;une s&eacute;rie amie pour la vie, sans dire &agrave; quel point elle a offert &agrave; une extraordinaire com&eacute;dienne, Rachel Brosnahan, l&rsquo;occasion d&rsquo;exprimer un talent inou&iuml; : son sens du timing, de la nuance, du silence, bref, de tout ce qui rend l&rsquo;art du jeu un art unique, devrait l&rsquo;installer durablement sur les &eacute;crans.<span class="Apple-converted-space" style="background-color: transparent; font-family: inherit; font-size: inherit; font-style: inherit; font-variant-ligatures: inherit; font-variant-caps: inherit; font-weight: inherit; letter-spacing: 0px;">&nbsp;
Cr&eacute;&eacute;e par&nbsp;Amy Sherman-Palladino.&nbsp;Avec&nbsp;Rachel Brosnahan, Tony Shalhoub, Alex Borstein, Marin Hinkle et Michael Zegen.&nbsp;Disponible sur Prime Video &agrave; partir du 14 avril. 3 &eacute;pisodes seront disponibles le 14, puis un par semaine.&nbsp;

Faut-il voir la dernière saison de "La Fabuleuse Mme Maisel" ?

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