Jessica Chastain a passé la dernière décennie à construire le genre de carrière que la plupart des acteurs passent leur vie à poursuivre. Voici comment elle a réussi haut la main.

Photography Alexi Lubomirski 
Styled by Laura Ferrara

Malgr&eacute; toute l&#39;attention qu&#39;elle suscite sur le tapis rouge, la mode, pour une c&eacute;l&eacute;brit&eacute;, est g&eacute;n&eacute;ralement assez d&eacute;connect&eacute;e du monde int&eacute;rieur r&eacute;el de la star. Pour l&#39;actrice cam&eacute;l&eacute;on <a href="https://www.lofficiel.be/art-culture/jessica-chastain-10-choses-que-vous-ne-saviez-pas-sur-l-actrice-hollywoodienne" target="_blank">Jessica Chastain</a>, cependant, la mode est &eacute;l&eacute;mentaire : un v&eacute;ritable plaisir qui est &agrave; la fois un v&eacute;hicule d&#39;expression de soi et une occasion d&#39;expansion int&eacute;rieure. La mode, c&#39;est comme la musique, dit-elle un matin de cet &eacute;t&eacute;. C&#39;est un art qui se double d&#39;un outil qu&#39;elle peut utiliser. &quot;Elle me fait constamment ressentir des choses diff&eacute;rentes&quot;, dit-elle. &quot;Elle m&#39;ouvre &agrave; d&#39;autres parties de moi-m&ecirc;me&quot;. C&#39;est cette perspective - ainsi que le type de structure osseuse exquise qui appartient autant au Vieux Hollywood qu&#39;au nouveau - qui a fait de Chastain le choix naturel pour poser dans des mod&egrave;les couvrant plusieurs d&eacute;cennies pour le num&eacute;ro du centenaire de L&#39;Officiel.

Les anniversaires &eacute;taient &eacute;galement dans son esprit lorsque Jessica Chastain a parl&eacute; au magazine. C&#39;&eacute;tait quelques jours apr&egrave;s son retour de Cannes, dix ans apr&egrave;s ses d&eacute;buts dans ce pays avec The Tree of Life de Terrence Malick. &quot;Ma carri&egrave;re cin&eacute;matographique a maintenant dix ans, ce qui est choquant&quot;, dit-elle, bien que cela ne soit vrai que dans le sens o&ugrave; elle a r&eacute;ussi &agrave; en construire une aussi riche et int&eacute;ressante en un laps de temps relativement court. Si vous voulez vous faire une id&eacute;e de l&#39;&eacute;ventail des r&ocirc;les de l&#39;actrice, consid&eacute;rez les deux projets qu&#39;elle pr&eacute;sente en avant-premi&egrave;re ce mois-ci : Le biopic Les Yeux de Tammy Faye de Michael Showalter, dans lequel l&#39;actrice&nbsp;s&#39;est transform&eacute;e en &eacute;vang&eacute;liste &eacute;motive et en proie au scandale, et la reprise actuelle par Hagai Levi du film &agrave; deux volets Scenes from a Marriage d&#39;Ingmar Bergman (1973) pour HBO, dans lequel les r&ocirc;les du mari et de la femme ont &eacute;t&eacute; invers&eacute;s.

Jessica Chastain parle avec L&#39;Officiel de la conqu&ecirc;te de ses peurs, de son profond sentiment pour la mode et de ce qui la pousse &agrave; aller de l&#39;avant - &agrave; la fois en tant que championne de l&#39;&eacute;galit&eacute; des droits pour les femmes &agrave; Hollywood et ailleurs et en tant qu&#39;artiste.

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L&#39;OFFICIEL : J&#39;ai regard&eacute; les deux premiers &eacute;pisodes de &quot;Scenes from a Marriage&quot; disponibles pour les critiques, et &quot;Les Yeux de Tammy Faye&quot;, et je vous f&eacute;licite pour ces deux projets et performances vraiment formidables - et incroyablement diff&eacute;rents. Qu&#39;est-ce qui vous attire dans un r&ocirc;le ?

JESSICA CHASTAIN : Eh bien, cela d&eacute;pend. Parfois, ce qui m&#39;attire dans un r&ocirc;le, c&#39;est la personne avec laquelle je travaille. Souvent, c&#39;est si le r&ocirc;le est quelque chose que je n&#39;ai jamais fait auparavant et qui me semble &ecirc;tre un d&eacute;fi. Mais ce qui m&#39;attire toujours dans un r&ocirc;le, c&#39;est de sentir que j&#39;apporte quelque chose de positif au monde. Ce n&#39;est peut-&ecirc;tre pas une personne sympathique que j&#39;incarne, mais c&#39;est positif en ce sens que je brise les st&eacute;r&eacute;otypes de genre ou que je fais avancer une conversation. Je me demande toujours : &quot;Qu&#39;est-ce que j&#39;apporte au monde ? Est-ce que je contribue &agrave; la soci&eacute;t&eacute; ?&quot;

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L&#39;O : Est-ce quelque chose auquel vous avez toujours pens&eacute; ? Ou est-ce quelque chose que vous avez r&eacute;alis&eacute; que vous deviez y penser une fois que vous &eacute;tiez dans l&#39;industrie ?

JC : Je n&#39;y ai jamais vraiment pens&eacute; parce qu&#39;on ne m&#39;a jamais donn&eacute; l&#39;option. Au d&eacute;but de votre carri&egrave;re, vous &ecirc;tes tellement heureux d&#39;avoir &eacute;t&eacute; choisi. Et puis votre carri&egrave;re commence &agrave; se d&eacute;velopper et &agrave; &eacute;voluer, et au lieu de se sentir excit&eacute; d&#39;&ecirc;tre choisi, vous &ecirc;tes aussi excit&eacute; d&#39;avoir des choix. Et vous - tout le monde en fait - commencez &agrave; comprendre que votre pouvoir vient des choix que vous faites.

Quand j&#39;ai fait &quot;Zero Dark Thirty&quot; avec Kathryn Bigelow, j&#39;ai vu les questions qu&#39;on lui posait, et j&#39;ai vu la diff&eacute;rence entre la fa&ccedil;on dont le monde et l&#39;industrie lui parlaient et la fa&ccedil;on dont ils parlaient aux cin&eacute;astes masculins. J&#39;ai aussi vu les st&eacute;r&eacute;otypes que les gens avaient sur mon personnage. C&#39;&eacute;tait vraiment bouleversant pour moi, mais &agrave; ce moment-l&agrave;, j&#39;ai compris que le cin&eacute;ma pouvait &ecirc;tre un acte politique. Cela a vraiment d&eacute;clench&eacute; en moi le d&eacute;sir de choisir des projets qui cr&eacute;ent une sorte d&#39;ondulation dans la conversation, qui repoussent une sorte de limite et qui d&eacute;peignent de vrais &ecirc;tres humains.

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L&#39;O : C&#39;est ce qui vous a pouss&eacute; &agrave; faire un film sur Tammy Faye Bakker ?

JC : Je pense que c&#39;&eacute;tait le circuit des r&eacute;compenses pour &quot;Zero Dark Thirty&quot;, et les gens me demandaient ce que je voulais faire ensuite, et le documentaire sur Tammy Faye passait &agrave; la t&eacute;l&eacute; et je l&#39;ai regard&eacute; et j&#39;ai pens&eacute;, &quot;Wow, &ccedil;a ressemble &agrave; un r&ocirc;le incroyable.&quot; Le chant, la pr&eacute;dication, tout en elle. &Ccedil;a cochait toutes les cases, parce que pour moi, &ccedil;a r&eacute;pare aussi un tort. J&#39;&eacute;tais si boulevers&eacute;e qu&#39;elle ait &eacute;t&eacute; trait&eacute;e comme elle l&#39;a &eacute;t&eacute; par les m&eacute;dias. Le fait que nous l&#39;ayons diffam&eacute;e &agrave; cause du maquillage qu&#39;elle portait et de son apparence, au lieu d&#39;&eacute;couter ce qu&#39;elle disait sur l&#39;amour, sur la religion, sur les chr&eacute;tiens et sur ce que le christianisme est cens&eacute; &ecirc;tre ; comment elle tendait la main et essayait vraiment d&#39;aimer ceux qui se sentaient abandonn&eacute;s. Cela m&#39;a bris&eacute; le c&oelig;ur qu&#39;elle n&#39;ait jamais &eacute;t&eacute; reconnue pour cela. On a fait d&#39;elle une blague.

M&ecirc;me aujourd&#39;hui, lorsque vous mentionnez Tammy Faye, les gens disent : &quot;Oh oui, elle chante et du mascara coule sur son visage.&quot; J&#39;ai pass&eacute; des centaines d&#39;heures &agrave; l&#39;&eacute;tudier, j&#39;ai regard&eacute; toutes les s&eacute;quences que j&#39;ai pu trouver ; il n&#39;y a pas une seule vid&eacute;o que j&#39;ai pu trouver de mascara coulant sur son visage. Je pense que c&#39;est dans nos m&eacute;moires &agrave; cause des m&eacute;dias, des sketches comiques et des gens qui se sont moqu&eacute;s d&#39;elle. Et c&#39;est ce dont nous nous souvenons ; cela a chang&eacute; nos souvenirs de ce qu&#39;&eacute;tait la r&eacute;alit&eacute;. Je voulais que les gens voient ce qu&#39;elle &eacute;tait vraiment.

THE EYES OF TAMMY FAYE | Official Trailer | Searchlight Pictures

L&#39;O : En parlant du maquillage, des incroyables proth&egrave;ses et des ongles manucur&eacute;s tr&egrave;s longs, la fa&ccedil;on dont vous ouvrez les canettes de Coca Light avec une lime &agrave; ongles dans le film a r&eacute;pondu &agrave; beaucoup de questions pour moi.

JC : La raison pour laquelle je sais faire &ccedil;a est que ma m&egrave;re avait ces ongles. D&egrave;s que nous &eacute;tions sur le plateau, je me disais : &quot;Je dois ouvrir une de ces canettes, quelqu&#39;un a une lime &agrave; ongles ?&quot; Ma m&egrave;re avait toujours une lime &agrave; ongles dans son sac, et elle l&#39;utilisait pour ouvrir ses canettes de soda.

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L&#39;O : Avez-vous pass&eacute; des heures et des heures et des heures sur la chaise de maquillage ?

JC : Oh oui. Honn&ecirc;tement, je ne vais probablement plus jamais faire &ccedil;a. C&#39;&eacute;tait assez angoissant pour moi. J&#39;ai eu quelques probl&egrave;mes de sant&eacute; dans le pass&eacute; : j&#39;ai eu une embolie pulmonaire, et quand je prends l&#39;avion, je pense toujours &agrave; la n&eacute;cessit&eacute; de faire attention et de ne pas avoir de caillots sanguins. Et assise l&agrave;, la premi&egrave;re semaine de travail, je me disais : &quot;Oh mon Dieu, c&#39;est comme si je devais traverser le pays en avion tous les jours.&quot; Il faut rester assis sans bouger ; je portais des chaussettes de compression sur mes jambes. Le premier jour de tournage, on est venu me chercher &agrave; 3h30 du matin. Ce que je faisais, c&#39;&eacute;tait de me demander comment transformer cela en quelque chose de positif. Et je regardais Tammy Faye pendant au moins 4 heures tous les matins. Andrew [Garfield, qui joue le r&ocirc;le de Jim Bakker] &eacute;tait l&agrave; et nous partagions des extraits li&eacute;s aux sc&egrave;nes que nous faisions ce jour-l&agrave;. Je la regardais, je l&#39;&eacute;coutais, j&#39;avais un fichier audio qui n&#39;&eacute;tait que sa voix, et quand je devais fermer les yeux pour les proth&egrave;ses et le maquillage et que tout le monde me peignait, j&#39;&eacute;coutais et je r&eacute;p&eacute;tais apr&egrave;s elle. J&#39;avais la plus longue piste pour d&eacute;coller chaque jour. Donc, le temps que je sois dans les airs, le temps que je joue, j&#39;ai &eacute;t&eacute; sur la piste pendant 4 heures. &Ccedil;a m&#39;a vraiment aid&eacute; une fois que j&#39;&eacute;tais sur le plateau. Mais la premi&egrave;re fois que j&#39;ai fait le tout premier test avec toute la proth&egrave;se, c&#39;&eacute;tait beaucoup trop, et j&#39;ai eu une petite crise de panique. Et puis, quand vous commencez &agrave; vous dire &quot;oh mon dieu, oh mon dieu, oh mon dieu, c&#39;est horrible&quot;, &agrave; ce moment-l&agrave;, vous commencez normalement &agrave; transpirer, et votre c&oelig;ur bat vite, et tout &ccedil;a ne fait qu&#39;empirer les choses parce que votre peau ne peut pas respirer, et vous ne pouvez pas l&#39;enlever parce qu&#39;elle pourrait se d&eacute;chirer.

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L&#39;O : Avez-vous chant&eacute; vous-m&ecirc;me dans le film ?

JC : Oui ! Voici une autre chose. J&#39;avais vraiment peur. Je veux dire, j&#39;ai chant&eacute; &agrave; l&#39;universit&eacute;. Mais c&#39;&eacute;tait, un chant d&#39;acteur. Cabaret et autres, rien de tel. Et Tammy Faye est une chanteuse sans peur, tout comme elle n&#39;a pas peur de la mode et de l&#39;amour, c&#39;est une chanteuse sans peur. Elle le chante simplement, elle le chante &agrave; J&eacute;sus ! Et c&#39;&eacute;tait tr&egrave;s diff&eacute;rent. Lorsque je me suis rendue au pr&eacute;-enregistrement avec Dave Cobb [qui a produit la musique de &quot;A Star is Born&quot;], avec qui j&#39;&eacute;tais si excit&eacute; de travailler, j&#39;&eacute;tais terrifi&eacute;. Je me suis pr&eacute;sent&eacute;e avec une bouteille de whisky et j&#39;ai bu du whisky pendant deux jours tout en chantant. Dave, c&#39;est le genre de producteur qu&#39;il est, il est si intelligent, il a augment&eacute; les notes &agrave; une tonalit&eacute; plus &eacute;lev&eacute;e le deuxi&egrave;me jour. Il a dit, on va tout refaire &agrave; partir du premier jour. Quoi ?! Mais il a dit, &quot;Tu le chantes comme si c&#39;&eacute;tait facile&quot;. Quand elle chante, elle est &agrave; 10, elle est &agrave; 12, elle est au-del&agrave;. Nous devons t&#39;amener au point o&ugrave; tu as peur de ne pas atteindre ces notes. J&#39;ai besoin de chaque once d&#39;&eacute;nergie de ta part dans ces chansons.&quot; Et c&#39;est ce que nous avons dans le film. Vous m&#39;entendez vraiment pousser pour chaque chanson.

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L&#39;O : C&#39;est parfait ; vous &ecirc;tes le visage du num&eacute;ro du centenaire de L&#39;Officiel, car vous traversez au moins un demi-si&egrave;cle de tendances de mode dans ce seul r&ocirc;le. Avez-vous eu une pr&eacute;f&eacute;rence ?

JC : La chose que j&#39;ai vraiment aim&eacute;e, parce que c&#39;&eacute;tait si b&ecirc;te, &eacute;tait le manteau de fourrure blanche avec le chapeau blanc. De la fausse fourrure, bien s&ucirc;r. C&#39;est en fait une photo d&#39;elle que j&#39;ai vue et que j&#39;ai montr&eacute;e &agrave; Mitchell Travers, notre costumier, en lui disant : &quot;Mitch, s&#39;il te pla&icirc;t, il faut qu&#39;on recr&eacute;e ce look !&quot;. J&#39;adore aussi les ann&eacute;es 90 pour elle. J&#39;adore sa veste rouge avec la doublure en l&eacute;opard - elle a dit que ses deux couleurs pr&eacute;f&eacute;r&eacute;es &eacute;taient le rose et le l&eacute;opard. C&#39;est une fa&ccedil;on de lui rendre hommage.

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L&#39;O : C&#39;est agr&eacute;able quand un personnage aime la mode et que ce n&#39;est pas uniquement d&eacute;peint comme un d&eacute;faut ou une pure vanit&eacute;.

JC : Exactement ! Et puis, qu&#39;est-ce qu&#39;il y a de mal &agrave; &ccedil;a ? J&#39;ai un probl&egrave;me avec les gens qui reprochent aux femmes d&#39;avoir une tonne de chaussures ou trop de v&ecirc;tements. Si quelqu&#39;un veut &ecirc;tre fabuleux, qu&#39;il le soit. Laissez-la s&#39;exprimer de la fa&ccedil;on dont elle le souhaite. Si elle veut porter un kilo de maquillage, qu&#39;elle le fasse. S&#39;ils veulent porter des perruques, qu&#39;ils le fassent. J&#39;aime la mode et le glamour en tant que forme d&#39;expression de soi.

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L&#39;O : Vous venez d&#39;assister au Festival de&nbsp;Cannes, qui est &eacute;videmment le nec plus ultra des grands moments glamour sur le tapis rouge. Est-ce que c&#39;est quelque chose que vous avez toujours appr&eacute;ci&eacute;, ou est-ce que cela fait simplement partie du travail ?

JC : Toujours. En grandissant, ma grand-m&egrave;re et ma m&egrave;re &eacute;taient toujours si glamour - je vous ai parl&eacute; de ma m&egrave;re, de ses ongles et de sa lime &agrave; ongles. C&#39;est quelque chose qui m&#39;a toujours plu, m&ecirc;me si je ne pouvais pas vraiment me le permettre avant d&#39;entrer dans ce secteur. J&#39;aime la mode parce que - et c&#39;est une chose &eacute;trange &agrave; dire - je suis tr&egrave;s sensible, et je peux &ecirc;tre surstimul&eacute;e. Mon mari me taquine &agrave; ce sujet parce que j&#39;ai choisi une carri&egrave;re o&ugrave; il y a beaucoup de gens autour, mais s&#39;il y a beaucoup de bruit, s&#39;il y a beaucoup d&#39;&eacute;nergie, je dois parfois me calmer et m&#39;asseoir dans une pi&egrave;ce tranquille pendant un moment. Je suis tr&egrave;s ouverte et ferm&eacute;e. Si je porte du jaune, je le ressens. Si je porte un costume, je le ressens. Je ressens l&#39;&eacute;nergie de ce que je porte. Si je porte du blanc et que mes cheveux sont tress&eacute;s, si je porte une minijupe, quoi que ce soit, je le ressens et cela m&#39;apporte quelque chose. J&#39;aime vraiment mettre des robes et aller sur le tapis rouge de Cannes. Je ne sais pas comment le d&eacute;crire, mais chaque tenue que j&#39;ai l&#39;occasion de porter me donne l&#39;impression d&#39;&ecirc;tre une femme diff&eacute;rente.

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L&#39;O : Vous sentez-vous attir&eacute;e par un style en particulier ? Vous avez un look tr&egrave;s classique ; j&#39;ai l&#39;impression que chaque article que j&#39;ai lu sur vous faisait r&eacute;f&eacute;rence &agrave; Botticelli.

JC : J&#39;adore &ccedil;a, pourtant. J&#39;adore l&#39;histoire de la mode. J&#39;adore porter un corset, j&#39;adore ce genre de look classique. Je ne suis pas une silhouette en b&acirc;ton et je ne fais pas vraiment... trop d&#39;exercice. Je fais de l&#39;exercice, mais je n&#39;en suis pas folle. J&#39;en suis heureuse, et je suis heureuse de montrer que j&#39;ai des courbes sur mon corps. Je suis attir&eacute;e par &ccedil;a, mais je suis aussi attir&eacute;e par l&#39;androgynie parfois. La seule chose qui ne m&#39;attire pas, et je vais le dire, c&#39;est le style grand-m&egrave;re chic. C&#39;est un peu ce qui ne m&#39;attire pas.

Les femmes sont faites de chair et de sang, elles ont des désirs et sont compliquées tout comme les hommes.

L&#39;O : Comment avez-vous abord&eacute; le tournage de &quot;Scenes from a Marriage&quot; en 2021 ? Avez-vous revisit&eacute; le film original de Bergman, ou avez-vous voulu vous en &eacute;loigner ?

JC : Oscar [Isaac] et moi l&#39;avons vraiment revu. C&#39;&eacute;tait important de le regarder, mais c&#39;&eacute;tait aussi lib&eacute;rateur, car beaucoup de gens pourraient se demander pourquoi nous ferions un remake d&#39;un film de Bergman. Et aussi parce que Liv Ullman est l&#39;une des plus grandes actrices de tous les temps - ce que je sais non seulement parce que j&#39;ai vu tous ses films, mais aussi parce que j&#39;ai travaill&eacute; avec elle lorsqu&#39;elle m&#39;a dirig&eacute;e. Je sais qui elle est et &agrave; quel point elle est formidable ; il n&#39;y a rien que je puisse faire de mieux que ce qu&#39;elle a fait. Pour moi, c&#39;&eacute;tait la libert&eacute; de ne pas faire de remake, parce que les genres sont intervertis. &quot;Scenes from a Marriage&quot; des ann&eacute;es 1970 est incroyable parce que c&#39;est vraiment une image des mariages de cette &eacute;poque : voici ce qu&#39;est la f&eacute;minit&eacute;, voici ce qu&#39;est la masculinit&eacute;. Et maintenant, nous prenons &ccedil;a et nous nous disons : &quot;Ok, qu&#39;allons-nous dire du mariage aujourd&#39;hui ? Qu&#39;est-ce qui est f&eacute;minin, qu&#39;est-ce qui est masculin ; qu&#39;est-ce que c&#39;est qu&#39;&ecirc;tre une m&egrave;re et qu&#39;est-ce que c&#39;est qu&#39;&ecirc;tre un p&egrave;re ; et qu&#39;est-ce qu&#39;on attend des r&ocirc;les que nous devons jouer ? J&#39;adore l&#39;original, et Oscar et moi l&#39;avons &eacute;tudi&eacute; en termes de grands th&egrave;mes, mais en termes de performance, &ccedil;a n&#39;a rien &agrave; voir. Je joue un personnage compl&egrave;tement diff&eacute;rent de celui de Liv Ullman, non seulement &agrave; cause du d&eacute;calage horaire, mais aussi parce que je joue un personnage diff&eacute;rent : le mari. Donc nous l&#39;avons &eacute;tudi&eacute;, mais nous l&#39;avons aussi laiss&eacute; partir.

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L&#39;O : D&#39;une certaine mani&egrave;re, il semblait tr&egrave;s important que cette fois-ci, ce soit une femme qui m&egrave;ne l&#39;action, en quittant son mari pour un homme plus jeune, plut&ocirc;t que d&#39;&ecirc;tre celle qui reste derri&egrave;re avec l&#39;enfant.

JC : Je veux dire, &ccedil;a arrive ! Cela s&#39;est toujours produit ! C&#39;est arriv&eacute; depuis des centaines d&#39;ann&eacute;es en fait. C&#39;est le sujet de la pi&egrave;ce &quot;Une maison de poup&eacute;e&quot;. Il ne s&#39;agit pas d&#39;infid&eacute;lit&eacute;, mais Nora quitte sa famille. Cette pi&egrave;ce a &eacute;t&eacute; jou&eacute;e il y a longtemps. Il est donc temps que nous commencions &agrave; nous dire que les femmes sont en chair et en os, qu&#39;elles ont des d&eacute;sirs et qu&#39;elles sont compliqu&eacute;es, tout comme les hommes. Les hommes ont &eacute;t&eacute; compliqu&eacute;s et ont fait des choses pas tr&egrave;s gentilles et parfois &eacute;go&iuml;stes, et parfois les femmes font des choses pas tr&egrave;s gentilles et &eacute;go&iuml;stes. C&#39;est ce que signifie simplement &ecirc;tre humain, et je pense qu&#39;en fait nous devons comprendre que les femmes sont des &ecirc;tres humains.

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L&#39;O : Et dans l&#39;un de vos films de 2022, &quot;The 355&quot;, il y aura des stars de l&#39;action, ce qui est excitant. Y a-t-il d&#39;autres projets &agrave; venir qui vous enthousiasment ?

JC :&nbsp;&quot;The 355&quot; est un film avec Pen&eacute;lope Cruz, Lupita Nyong&#39;o, Fan Bingbing et Diane Kruger. Comme toutes les actrices sont propri&eacute;taires du film, nous avons lev&eacute; les fonds nous-m&ecirc;mes &agrave; Cannes, vendu les droits de distribution, et toutes re&ccedil;oivent un pourcentage du box-office. C&#39;est une nouvelle fa&ccedil;on de faire les choses. Je viens &eacute;galement de tourner &quot;The Good Nurse&quot; avec Eddie Redmayne, qui est divin, et je suis sur le point de tourner &quot;Tammy Wynette&quot; avec Michael Shannon qui joue George Jones. Et je veux juste dire, en r&eacute;ponse &agrave; votre premi&egrave;re question, que ce qui m&#39;attire, c&#39;est de regarder toutes ces co-stars. Aller au travail tous les jours et travailler avec des gens comme &ccedil;a ? Qui sait comment les choses vont &eacute;voluer, mais c&#39;est tellement important pour moi.

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Le num&eacute;ro anniversaire de L&#39;Officiel est disponible en kiosque d&egrave;s le 24 septembre 2021.

COIFFURE Renato Campora 
MAQUILLAGE Tyron Machhausen 
MANUCURE Julie 
SET DESIGN Jack Flanagan 
PRODUCTION Dana Brockman, Nathalie Akiya, et Emily Ullrich 
TECH NUM&Eacute;RIQUE Casanova Cabrera 
ASSISTANTS PHOTO Alexei Topounov, Diego Bendezu et Conor Monaghan 
ASSISTANT STYLISTE Amer Macarambon 
ASSISTANTS DE MONTAGE Todd Knopke et Beau Bourgeois 
ASSISTANTS DE PRODUCTION Brandon Abreau et Patrick McCarthy

Jessica Chastain en couverture du numéro anniversaire de L'Officiel

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