Abderrahmane Trabsini aka Captain Aoshima signe sa toute nouvelle collection pour la maison resolument hype Daily Paper. Nomm&eacute;e Under The Same Moon, la collection printemps-&eacute;t&eacute; 2023 s&rsquo;inspire de ses origines marocaines. Rencontre avec le designer qui brise les fronti&egrave;res et disrupte les dogmes du streetwear.

C&eacute;l&eacute;brer l&rsquo;h&eacute;ritage et la richesse de l&rsquo;Afrique, voil&agrave; le d&eacute;fi r&eacute;ussi et plein d&rsquo;audace que s&rsquo;est impos&eacute; Daily Paper. Une success story qui prend forme en 2012 gr&acirc;ce &agrave; un trio de choc, compos&eacute; de <a href="https://www.instagram.com/captainaoshima/?hl=fr" target="_blank" rel="noopener">Abderrahmane Trabsini</a>, originaire du Maroc, <a href="https://www.instagram.com/huzane/?hl=fr" target="_blank" rel="noopener">Hussein Suleiman</a> originaire de Somalie et <a href="https://www.instagram.com/papaghana/?hl=fr" target="_blank" rel="noopener">Jefferson Osei</a> originaire du Ghana. Diaspora ou nomades modernes, les 3 designers ont su red&eacute;finir les codes du streetwear en montrant que la musique, la culture et la mode ne faisaient qu&rsquo;un. Encha&icirc;nant collaborations et collections engag&eacute;es, Daily Paper a affirm&eacute; sa position d&rsquo;avant-gardiste en &eacute;levant les outfits de la street au rang d&rsquo;art moderne.
<a href="https://dailypaperclothing.com/collections/ss23-women" target="_blank" rel="noopener">Under The Same Moon</a>, c&rsquo;est avant tout la reconnection &agrave; la terre, &agrave; l&rsquo;Afrique, berceau des 3 cr&eacute;ateurs de la marque. En collaboration avec l&rsquo;artiste <a href="https://www.instagram.com/kandaka.khronicles/?hl=fr" target="_blank" rel="noopener">Yasmin Elnour</a>, certaines pi&egrave;ces du vestiaire se composent de cr&eacute;ations florales et autres couleurs naturelles. On retrouve notamment un ensemble en denim dont le monogramme a &eacute;t&eacute; teint au henn&eacute; puis imprim&eacute; num&eacute;riquement. Avec cette nouvelle collection, Abderrahmane Trabsini, perp&eacute;tue et exporte outre Atlantique les traditions marocaines. Bien plus qu&rsquo;une simple marque, Daily Paper est aujourd&rsquo;hui un mouvement, un embl&egrave;me de l&rsquo;empowerment africain.

&Agrave; quel moment avez-vous r&eacute;alis&eacute; le fait que vous vouliez &eacute;voluer dans l&rsquo;univers de la mode ?
C'&eacute;tait il y a 13 ans, avant le lancement de Daily Paper. J'ai toujours &eacute;t&eacute; un cr&eacute;atif. J&rsquo;ai fait plusieurs &eacute;coles d'art, mais je n'ai jamais su ce que je voulais vraiment faire de ma cr&eacute;ativit&eacute;. J'aime la publicit&eacute;, j'aime le graphisme, j'aime beaucoup de choses diff&eacute;rentes. Le lancement de Daily Paper a &eacute;t&eacute; pour moi un v&eacute;ritable d&eacute;clic. J'aime cr&eacute;er des choses, c&rsquo;est une meilleure fa&ccedil;on de dire que j'aime cr&eacute;er des v&ecirc;tements.
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Amis d&rsquo;enfance, comment Hussein Suleiman, Jefferson Osei et vous-m&ecirc;me avez-vous eu l&rsquo;id&eacute;e de lancer Daily Paper ? Pourquoi l'avoir appel&eacute; ainsi ?
Daily Paper &eacute;tait un blog. Son nom s&rsquo;inspirait de la chanson "Mouths to feed" de Ludacris, et des paroles "Can't keep up with news but I get that Daily Paper". Daily Paper est une m&eacute;taphore de la qu&ecirc;te quotidienne &agrave; l'argent. Un jour, on a eu l'id&eacute;e de faire des produits d&eacute;riv&eacute;s. On est all&eacute; chez American Apparel, on a achet&eacute; des v&ecirc;tements, on a mis un logo dessus et on les a vendus &agrave; nos amis et &agrave; notre famille. C'&eacute;tait le d&eacute;but du voyage.&nbsp;
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Pourquoi avoir choisi un bouclier Masa&iuml; comme inspiration pour votre logo&nbsp;? 
C'est un bouclier nomade, et nous nous consid&eacute;rons comme des nomades modernes. Aujourd'hui, Amsterdam est ma base d'op&eacute;ration (safe space). J&rsquo;y reviens pour travailler, pour me d&eacute;tendre, pour me ressourcer avant de repartir en voyage. J'aime &ecirc;tre une &eacute;ponge quand je voyage. Je veux m'impr&eacute;gner de tout ce qui m&rsquo;inspire. Puis j&rsquo;y retourne, je d&eacute;balle toutes mes id&eacute;es et je commence &agrave; travailler dessus.
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Comment se d&eacute;roule votre processus cr&eacute;atif ? 
Je voyage beaucoup. J'&eacute;tudie les marques que j'aime vraiment. Je vais souvent aux Fashion Weeks. La mode est un secteur en constante &eacute;volution. Il faut aussi regarder ce que l'on a, et comment on peut le d&eacute;velopper. Par exemple, nous avons une veste en cuir, comment pouvons-nous upgrader cette pi&egrave;ce ? Nous r&eacute;fl&eacute;chissons, nous cr&eacute;ons, jusqu&rsquo;au jour o&ugrave; elle devient un best-seller.
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En tant que nomade moderne, les voyages sont-ils une source majeure d&rsquo;inspiration ?
Absolument ! Lorsque nous avons lanc&eacute; la marque, nous voyagions constamment en Europe. Les voyages m&rsquo;ont chang&eacute; en tant que personne. Ils ont chang&eacute; ma fa&ccedil;on de voir la vie. Alors, oui, je suis toujours inspir&eacute; quand je voyage. J'aime d&eacute;couvrir des choses en dehors des r&eacute;seaux sociaux. Scroller constamment ne m&rsquo;int&eacute;resse pas.
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Daily Paper s&rsquo;engage beaucoup pour des causes qui lui tiennent &agrave; c&oelig;ur en pr&ocirc;nant des messages forts, pourriez-vous nous en dire plus ? 
Pour notre collaboration avec Off White, le collectif Surf Ghana avait besoin de collecter des fonds pour construire un skatepark. L'id&eacute;e &eacute;tait de collaborer avec Virgil Abloh pour cr&eacute;er un tee-shirt dont les b&eacute;n&eacute;fices iraient &agrave; ce skatepark. Le message est clair : les actes s&rsquo;expriment mieux que les mots. Ce genre de collaboration permet aussi de rendre notre marque accessible en Afrique.
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Bien plus que de simples pi&egrave;ces ready-to-wear, vos cr&eacute;ations offrent toujours un r&eacute;el background cr&eacute;atif, cela est-il li&eacute; &agrave; l&rsquo;effervescence artistique des Pays-Bas ?
C'est une bonne question ! Oui, si vous regardez l'histoire des Pays-Bas, nous avons beaucoup de peintres comme Van Gogh, Rembrandt etc. Le fait d'avoir ce genre de peintres et d'artistes a fa&ccedil;onn&eacute; la perception de l'art n&eacute;erlandais et a &eacute;galement &eacute;t&eacute; notre source d'inspiration.
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Pourquoi avez-vous choisi de rendre hommage au Maroc pour cette collection printemps-&eacute;t&eacute; 2023 ?
Pour commencer, je suis marocain (rires). Je voulais vraiment consacrer une collection qui porte sur ma culture. Je voulais parler de cette nouvelle g&eacute;n&eacute;ration de cr&eacute;atifs. Apporter une vision diff&eacute;rente sur le Maroc. Je m'inspire &eacute;galement de la culture Amazigh car c&rsquo;est de cette r&eacute;gion dont son originaire mes parents. Je voulais vraiment d&eacute;dier cette collection &agrave; mon h&eacute;ritage, &agrave; ses traditions et &agrave; son lien avec la nature. Nous l'avons appel&eacute; Under The Same Moon parce que nous sommes tous sous la m&ecirc;me lune. Elle nous repr&eacute;sente en tant que personnes.
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Dans quelle partie du Maroc avez-vous shoot&eacute; la derni&egrave;re campagne Under The Same Moon ?
Nous avons r&eacute;alis&eacute; les street styles &agrave; Marrakech et d&rsquo;autres contenus dans les montagnes aux alentours. Je voulais r&eacute;aliser le shooting &agrave; Marrakech, car j'ai beaucoup d'amis l&agrave;-bas. Je voulais aussi travailler avec la nouvelle g&eacute;n&eacute;ration de cr&eacute;atifs comme <a href="https://www.instagram.com/izudizzy/?hl=en" target="_blank" rel="noopener">Yazid</a>, un tr&egrave;s bon ami &agrave; moi qui poss&egrave;de une soci&eacute;t&eacute; de production. J&rsquo;aime pouvoir mettre tout cela en avant, utiliser mes ressources afin de participer au d&eacute;veloppement de la cr&eacute;ativit&eacute; au Maroc.
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Vous aimez jouer avec les mati&egrave;res et les couleurs, quel a &eacute;t&eacute; votre challenge lors de la cr&eacute;ation de cette collection ?
Le co&ucirc;t des mati&egrave;res. Nous ne sommes pas positionn&eacute; haut de gamme, nous ne pouvons pas vendre des produits trop chers. Notre plus gros challenge est respecter nos pricing, en proposant des mat&eacute;riaux de qualit&eacute; &agrave; nos clients.
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Avec quels artistes marocains avez-vous aim&eacute; collaborer ? Et avec lesquels aimeriez-vous collaborer ?
Nous avons fait quelques campagnes avec le photographe <a href="https://www.instagram.com/mouslamrabat/?hl=fr" target="_blank" rel="noopener">Mous Lamrabat</a>. Je suis aussi un grand fan de <a href="https://www.instagram.com/hassanhajjaj_larache/?hl=fr" target="_blank" rel="noopener">Hassan Hajjaj</a>, c'est un tr&egrave;s bon ami &agrave; moi. J&rsquo;avais particip&eacute; &agrave; son exposition &agrave; Duba&iuml;, qui mettait en avant diff&eacute;rents artistes marocains. J'aimerais continuer &agrave; travailler avec lui. Je suis &eacute;galement un grand fan de <a href="https://www.instagram.com/snor__1/?hl=fr" target="_blank" rel="noopener">Snor</a> le rappeur, <a href="https://www.instagram.com/smallxofficial/?hl=fr" target="_blank" rel="noopener">Small X</a>, <a href="https://www.instagram.com/elgrandetoto/" target="_blank" rel="noopener">El Grande Toto</a> et <a href="https://www.instagram.com/icemanvieze/?hl=fr" target="_blank" rel="noopener">iceman vieze</a>. Ce sont des artistes cools. Ils font de la bonne musique, et leur direction artistique est top !
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En tant que designer, quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui souhaitent &eacute;voluer dans ce milieu&nbsp;? 
Il faut rester passionn&eacute; et &ecirc;tre pers&eacute;v&eacute;rant. Il ne faut jamais avoir peur de commencer en bas de l&rsquo;&eacute;chelle. Il y a dix ans, nous &eacute;tions heureux lorsque nous avions dix commandes par semaine. C'est un secteur difficile, mais si vous avez un ADN fort, une histoire forte, et un objectif clair, vous r&eacute;ussirez. L'argent ne doit jamais &ecirc;tre la principale motivation. Ce n'est pas facile de construire une marque. On y pense constamment. On se r&eacute;veille et on se couche avec. Pour r&eacute;ussir, il faut bosser dur.
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Apr&egrave;s Amsterdam, New York et Londres, avez-vous song&eacute; &agrave; ouvrir une boutique en Afrique, peut-&ecirc;tre au Maroc ?
Ce n'est pas vraiment l'objectif. Actuellement, notre objectif n&deg;1 consiste &agrave; trouver un moyen de fabriquer des v&ecirc;tements en Afrique, et de cr&eacute;er une ligne de v&ecirc;tements Made In Africa. Je pense que ce sera un bon d&eacute;but. Nous avons ouvert nos magasins en nous basant sur la data. "Londres marche bien en ligne, commen&ccedil;ons par ouvrir un pop-up puis ouvrons un magasin". Aujourd&rsquo;hui, notre plus grand r&ecirc;ve est de fabriquer des v&ecirc;tements en Afrique.
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Vous pouvez commencer par un pop-up au Maroc ? 
Oui, certainement, un jour, Inshallah, nous le ferons au Maroc. C'est aussi notre r&ecirc;ve. Nous devons juste trouver des moyens de rendre nos produits plus accessibles. Pour l'instant, nous nous concentrons sur les chiffres que nous r&eacute;alisons. Par exemple, en France, nous avons remarqu&eacute; que notre client&egrave;le s&rsquo;&eacute;tait bien d&eacute;velopp&eacute;e. Ce ne sera pas une surprise si nous ouvrons &agrave; l&rsquo;avenir un magasin &agrave; Paris.
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Selon vous, &agrave; quoi ressemblera Daily Paper dans 5 ans&nbsp;? Avez-vous d&eacute;j&agrave; des projets en pr&eacute;paration ? 
J&rsquo;esp&egrave;re que dans 5 ans, Daily Paper sera pr&eacute;sente dans plusieurs villes cl&eacute;s. Nous vendons nos pi&egrave;ces aupr&egrave;s de nombreux retailers, mais ils ne montrent jamais toute l&rsquo;exp&eacute;rience Daily Paper. &Agrave; travers nos collections, nous racontons vraiment une histoire. Nous voulons contr&ocirc;ler l&rsquo;exp&eacute;rience client. En termes de nouveaux projets, oui, nous travaillons toujours sur de nouvelles collaborations. Par exemple, nous travaillons d&eacute;j&agrave; sur la collection automne-hiver 2024.

Photographe <a href="https://www.instagram.com/muziflow/?hl=en" target="_blank" rel="noopener">Idriss Nassangar</a> Talents <a href="https://www.instagram.com/sarahawija/?hl=en" target="_blank" rel="noopener">Sara Alwani Hawija</a>, ansar.elyacoubi, <a href="https://www.instagram.com/y.mo99/" target="_blank" rel="noopener">mo</a>, <a href="https://www.instagram.com/diani.abdo/" target="_blank" rel="noopener">Abdo Diani</a> Production <a href="https://www.instagram.com/somniiproductions/?hl=en" target="_blank" rel="noopener">Somni Productions</a>, <a href="https://www.instagram.com/" target="_blank" rel="noopener">Saida's Carpets</a>

Abderrahmane Trabsini : on a rencontré celui à qui l'on doit le succès de Daily Paper

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