La DJ Peggy Gou, toujours aussi élégante, a entrepris une collaboration avec le collectif de créateurs Zalando avec Coco Capitan : une collaboration qui s'inscrit dans une continuité de son intérêt pour la mode, sur laquelle elle se confie pour L'Officiel Belgique. Elle nous parle aussi de sa carrière musicale, d'un (presque) burn-out et de la Corée du Sud.

La superstar sud-cor&eacute;enne bas&eacute;e &agrave; Berlin et productrice de musique &eacute;lectronique, qu&#39;elle appelle souvent K-house, a toujours pens&eacute; qu&#39;elle voulait &ecirc;tre styliste apr&egrave;s avoir &eacute;tudi&eacute; la mode au London College of Fashion. R&eacute;trospectivement, Peggy Gou a constat&eacute; qu&#39;elle aimait particuli&egrave;rement porter des looks inhabituels lorsqu&#39;elle &eacute;tait derri&egrave;re les platines. Avec des tubes comme &quot;Starry Night, I Go&quot; et &quot;It Makes You Forget&quot;, elle s&#39;est forg&eacute;e une r&eacute;putation depuis un certain temps d&eacute;j&agrave;. Non seulement en termes de musique, mais aussi de collaborations, dont celle avec Zalando Designer, qui&nbsp;semble correspondre parfaitement &agrave; ses int&eacute;r&ecirc;ts. Elle nous en dit plus &agrave; ce sujet, tout en partageant des histoires honn&ecirc;tes qui nous font l&#39;aimer encore plus.

Quand avez-vous d&eacute;cid&eacute; de commencer &agrave; faire de la musique ?

Peggy Gou : Je ne connais pas le moment exact, mais au moment o&ugrave; j&#39;ai obtenu mon dipl&ocirc;me&nbsp;en 2013, je savais avec certitude que je voulais m&#39;installer &agrave; Berlin et m&#39;essayer &agrave; la musique. Mes parents n&#39;&eacute;taient pas tr&egrave;s heureux de &ccedil;a, &eacute;videmment. D&#39;abord, ils avaient d&eacute;pens&eacute; des tonnes d&#39;argent pour mon &eacute;ducation &agrave; la mode et maintenant, soudainement, je voulais &ecirc;tre DJ. Mais j&#39;ai dit : donnez-moi deux ans. Si &ccedil;a ne marche pas, je retournerai en Cor&eacute;e et j&#39;enseignerai l&#39;anglais.

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Comment &eacute;tait-ce de vivre &agrave; Berlin ?

Je travaillais dans un magasin de disques et je sortais aussi beaucoup. Certaines personnes vont &agrave; l&#39;&eacute;glise, je suis all&eacute; au Berghain tous les dimanches. Je me tenais toujours au m&ecirc;me endroit, &agrave; l&#39;avant, pr&egrave;s de la cabine du DJ. Je l&#39;appelais &quot;la chambre de Peggy&quot;. Danser et surtout regarder. Comment le DJ mixe-t-il ? Quelle musique fonctionne &agrave; quel moment ? Quel monstre, ont d&ucirc; penser ces DJ, mais j&#39;ai beaucoup appris et rencontr&eacute; des personnes qui pourraient m&#39;aider davantage.

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Comment avez-vous connu un tel succ&egrave;s ?

&Agrave; l&#39;&eacute;poque, je produisais depuis quatre ou cinq ans. Beaucoup de gens pensent que je suis une sorte d&#39;enfant du dimanche qui est soudainement apparu. Cela me d&eacute;range beaucoup, car j&#39;&eacute;tais tout simplement une &eacute;trang&egrave;re dans l&#39;industrie de la musique : en tant que Cor&eacute;enne, en tant que femme, en tant que personne issue de la mode. J&#39;ai d&ucirc; me battre pour m&#39;en sortir.

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Quels sont les d&eacute;fis que vous avez d&ucirc; relever ?&nbsp;

Il y avait tellement de d&eacute;fis &agrave; relever. Les gens me disaient que mes morceaux n&#39;&eacute;taient pas assez bons et que personne ne voudrait jamais acheter mes disques. Parfois, j&#39;envoyais mon CV ou ma musique et je ne recevais pas de r&eacute;ponse. Ou bien il y avait des gens qui voulaient juste me dire quoi faire et qui consid&eacute;raient&nbsp;mon opinion comme inf&eacute;rieure. Mais je pr&eacute;f&egrave;re ne pas en parler. Cela m&#39;a en fait motiv&eacute; &agrave; faire mieux, &agrave; travailler plus dur.

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&Agrave; quoi ressemble votre collaboration avec Zalando ?

Je fais partie du collectif Zalando Designer avec Coco Capitan. Zalando Designer a pour vocation de c&eacute;l&eacute;brer le style individuel et de permettre aux gens de faire leurs achats aupr&egrave;s de marques qui leur permettent de s&#39;exprimer pleinement. J&#39;aime aussi le fait que la plateforme s&#39;attache &agrave; aider les gens &agrave; faire des achats plus durables, ce qui me passionne vraiment. Je suis donc heureuse&nbsp;de me joindre &agrave; eux pour soutenir leur mission en tant que marque.

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Quelles sont vos racines dans la mode ?&nbsp;

J&#39;ai &eacute;tudi&eacute; au London College of Fashion, je voulais &ecirc;tre designer, puis photographe, et ensuite je me suis int&eacute;ress&eacute;e au stylisme.

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Avez-vous des ic&ocirc;nes de la mode qui vous inspirent ?&nbsp;

Pour moi, une ic&ocirc;ne de la mode n&#39;est pas n&eacute;cessairement quelqu&#39;un qui s&#39;habille d&#39;une certaine fa&ccedil;on. Virgil Abloh &eacute;tait une ic&ocirc;ne. Vivienne Westwood, DJ Harvey et Grace Jones. Ce sont toutes des ic&ocirc;nes qui peuvent tout faire.&nbsp;

Je trouve mon inspiration dans les petites choses de la vie - tout ce que vous voyez, sentez, entendez et rencontrez peut servir d&#39;inspiration pour toute forme d&#39;art. Et les personnes qui trouvent le moyen de l&#39;exprimer &agrave; leur mani&egrave;re et de rester fid&egrave;les &agrave; elles-m&ecirc;mes sont une source d&#39;inspiration pour moi.

CocoC_Zalando_12_v3.jpeg

La pand&eacute;mie a-t-elle affect&eacute; votre situation professionnelle ?&nbsp;

La pand&eacute;mie m&#39;a donn&eacute; beaucoup plus de temps pour moi et pour cr&eacute;er. J&#39;ai presque ressenti un soulagement, si je suis honn&ecirc;te. Les mois pr&eacute;c&eacute;dents ont &eacute;t&eacute; fantastiques, mais aussi&nbsp;fous et j&#39;ai commenc&eacute; &agrave; le remarquer, tant physiquement que mentalement. J&#39;&eacute;tais tout le temps malade. Je pouvais &agrave; peine dormir, je mangeais irr&eacute;guli&egrave;rement. Au d&eacute;but de l&#39;ann&eacute;e 2020, le m&eacute;decin a dit que j&#39;&eacute;tais au bord du burn-out et que je devais vraiment ralentir. Mes meilleurs amis &eacute;taient inquiets car ils voyaient que je n&#39;&eacute;tais pas en bonne sant&eacute;. Et pendant ce temps, je continuais &agrave; avancer. Ce n&#39;est que lorsque j&#39;ai &eacute;t&eacute; oblig&eacute; d&#39;arr&ecirc;ter que j&#39;ai compris que quelque chose devait changer. La pand&eacute;mie m&#39;a donc oblig&eacute; &agrave; ralentir et &agrave; faire plus attention &agrave; mon temps et &agrave; mon &eacute;nergie, ce qui a eu un effet positif sur ma cr&eacute;ativit&eacute; et a apport&eacute; un peu de paix et d&#39;&eacute;quilibre dans ma vie.

J&#39;avais compl&egrave;tement oubli&eacute; comment me d&eacute;tendre. Pendant la premi&egrave;re p&eacute;riode o&ugrave; j&#39;&eacute;tais &agrave; la maison, j&#39;&eacute;tais si agit&eacute;e. Lire un livre&nbsp;? &Ccedil;a n&#39;a pas march&eacute;. Regarder&nbsp;une s&eacute;rie ? Aucune concentration. Ma vie avant &ccedil;a &eacute;tait une montagne russe. J&#39;&eacute;tais devant une foule qui faisait la f&ecirc;te presque tous les soirs, un moment fort, et puis j&#39;&eacute;tais raide d&#39;adr&eacute;naline dans une chambre d&#39;h&ocirc;tel, toute seule, et je me sentais d&eacute;prim&eacute;e. Pendant le confinement, j&#39;ai lentement appris &agrave; vivre une vie normale, sans tous ces hauts et ces bas. J&#39;en avais vraiment besoin. Un peu de p&acirc;tisserie, un peu de lecture : c&#39;&eacute;tait g&eacute;nial.

 
Quels sont les enseignements les plus importants tir&eacute;s de ce changement ?

Je mange plus sainement et je fais de l&#39;exercice tous les jours. Mais je le prends un peu plus facilement. Avant, il m&#39;arrivait de faire cinq concerts par semaine. Si j&#39;avais une soir&eacute;e de libre et que je voyais un autre DJ jouer, je me disais : pourquoi je ne suis pas l&agrave; ? Je me mets beaucoup de pression. Travailler dur, rester visible. Jusqu&#39;&agrave; ce qu&#39;un DJ ami me voit : &quot;Peggy, m&ecirc;me si tu prends six mois de cong&eacute;, ton public ne s&#39;en va pas comme &ccedil;a.&quot; Je vois maintenant que je n&#39;ai pas vraiment besoin d&#39;&ecirc;tre dans beaucoup d&#39;endroits chaque semaine pour rester pertinente.

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Vous avez v&eacute;cu la moiti&eacute; de votre vie en Europe, mais vous &ecirc;tes n&eacute;e en Cor&eacute;e du Sud. Quel r&ocirc;le ces racines jouent-elles encore dans votre vie ?

Je suis fi&egrave;re&nbsp;d&#39;&ecirc;tre cor&eacute;enne. &Agrave; Berlin, j&#39;ai ma vie, mes amis et mon travail, mais la Cor&eacute;e du Sud sera toujours mon pays. Si je ne me sens pas bien, je r&eacute;serve un billet pour y passer du temps avec mes amis et ma famille. C&#39;est l&#39;endroit o&ugrave; je me ressource vraiment.

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De quel genre de famille venez-vous ?

J&#39;ai grandi dans une famille de classe moyenne. J&#39;ai une relation &eacute;troite avec ma m&egrave;re. Elle m&#39;a toujours soutenue et conseill&eacute;e. La relation avec mon p&egrave;re est un peu plus compliqu&eacute;e. Je comprends maintenant qu&#39;il avait mes int&eacute;r&ecirc;ts &agrave; c&oelig;ur, mais je le trouvais extr&ecirc;mement strict. Mon fr&egrave;re &eacute;tait un enfant exemplaire : bon pour l&#39;apprentissage, jamais de probl&egrave;mes. J&#39;&eacute;tais la&nbsp;rebelle qui r&eacute;ussissait mal &agrave; l&#39;&eacute;cole. Mes parents ne savaient pas quoi faire de moi.

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C&#39;est pour &ccedil;a que vous &ecirc;tes partie en Angleterre &agrave; 14 ans ?

Oui, parler un bon anglais en Cor&eacute;e est un atout majeur pour votre carri&egrave;re. C&#39;est pourquoi mes parents m&#39;ont envoy&eacute; &agrave; Londres, pour que je puisse devenir professeur. Non pas que les choses soient meilleures l&agrave;-bas. Parce que j&#39;&eacute;tais mineur, je devais avoir un tuteur. J&#39;en ai us&eacute; trois en trois ans. Je fuguais, je n&#39;&eacute;coutais personne. Je n&#39;aime pas que les gens me disent ce que je dois ou ne dois pas faire.

 
Comment cette p&eacute;riode vous a-t-elle fa&ccedil;onn&eacute;e ?

J&#39;ai toujours eu une forte motivation, mais cette exp&eacute;rience l&#39;a renforc&eacute;e. J&#39;avais laiss&eacute; ma famille derri&egrave;re moi et j&#39;&eacute;tais la seule personne asiatique de toute l&#39;&eacute;cole. Les premi&egrave;res semaines, je me promenais avec un dictionnaire sous le bras car je parlais &agrave; peine la langue. Je suis pass&eacute; en mode survie. Je n&#39;ai jamais eu peur de me montrer et de me d&eacute;fendre, mais l&agrave;, j&#39;ai senti que je devais le faire. Pour que personne ne puisse m&#39;ignorer. Ce m&ecirc;me besoin de faire ses preuves plus tard s&#39;est &eacute;galement av&eacute;r&eacute; utile dans l&#39;industrie musicale. Je ne me laisse pas mettre de c&ocirc;t&eacute;. Si je veux quelque chose, je le fais.

Peggy Gou nous parle de mode, de ses coups durs et de sa famille

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