La famille Logan, ses tortueuses stratégies de survie et de conquête, ses enfants déglingué-e-s par la cupidité et le narcissisme, est de retour. La troisième saison sera-t-elle celle de leur rédemption ou celle de trop ? 

Ont-ils d&eacute;couvert les bienfaits de la m&eacute;ditation transcendantale ? La g&eacute;n&eacute;rosit&eacute; ? L&rsquo;empathie ? La bienveillance ? L&eacute;gu&eacute; toute leur fortune &agrave; des ONG ? S&rsquo;il nous est impossible de d&eacute;voiler les ressorts des intrigues animant cette saison, il nous est cependant autoris&eacute; &agrave; r&eacute;v&eacute;ler que non, les Logan restent fid&egrave;les &agrave; ce qui a fait d&rsquo;eux les personnages les plus fascinants de r&eacute;cente m&eacute;moire&nbsp; les plus formidablement odieux, chez qui rien n&rsquo;est propre &agrave; les rendre vaguement sympathiques.

L&rsquo;ambiance familiale oscille donc toujours entre Dallas et les Atrides dans le royaume des affaires. Fresque acide, saga caustique,&nbsp;Succession&nbsp;parle autant de pouvoir, de ceux et celles qui le poss&egrave;dent et, surtout, de ses effets, autant sur ses ma&icirc;tres que sur leur entourage. Sur cette trame assez classique - aux motifs bibliques et shakespeariens en passant par l&rsquo;ensemble du r&eacute;pertoire de la trag&eacute;die grecque, au choix&nbsp;&nbsp;- les cr&eacute;ateurs de la s&eacute;rie ont dessin&eacute; des monstres de vanit&eacute;, d&rsquo;arrogance et d&rsquo;avidit&eacute;, avec un certain talent pour capter un monde herm&eacute;tique aux probl&eacute;matiques prosa&iuml;ques, s&rsquo;accrochant &agrave; ses privil&egrave;ges, incessamment soucieux d&rsquo;en obtenir toujours davantage.

A la vue des sept premiers &eacute;pisodes de cette nouvelle saison, la m&eacute;canique de ce ballet sid&eacute;rant se grippe, la caricature guette. Moins surprenants, les fils narratifs s&rsquo;emm&ecirc;lent un peu, le r&eacute;cit semble contraint par les saisons pr&eacute;c&eacute;dentes &agrave; pousser un peu plus loin le curseur des p&eacute;rip&eacute;ties vers toujours plus d&rsquo;outrance et &agrave; forcer le trait des personnages dont on a bien compris &agrave; ce stade de leurs aventures qu&rsquo;ils &eacute;taient irr&eacute;m&eacute;diablement ignobles. Ce manque de nuances, l&rsquo;incapacit&eacute; &agrave; d&eacute;cliner une palette &eacute;motionnelle plus riche, &agrave; varier les tonalit&eacute;s, enfin &agrave; s&rsquo;arracher &agrave; sa propre l&eacute;gende, figent les personnages telles les victimes &agrave; Pomp&eacute;i de l&rsquo;&eacute;ruption du V&eacute;suse,&nbsp;et la narration semble d&eacute;sormais ob&eacute;ir &agrave; une &eacute;quation additionnant distraitement coups bas, vilenies, trahisons, mesquineries dans l&rsquo;espoir de convoquer de force le charme v&eacute;n&eacute;neux des saisons pr&eacute;c&eacute;dentes. Engonc&eacute;e dans ses habitudes, elle perd son parfum enivrant, sa puissance corrosive, aux personnages odieux-ses, mais comme par routine. Si ce western moderne m&eacute;nage encore des moments de plaisir, son absence d&rsquo;ambigu&iuml;t&eacute;&nbsp;p&egrave;se.&nbsp;&nbsp;Les interpr&egrave;tes, tous et toutes impeccables, les extraordinaires Brian Cox et Jeremy Cox en t&ecirc;te, m&eacute;ritaient un peu mieux que d&rsquo;incarner des st&eacute;r&eacute;otypes devenus trop pr&eacute;visibles - en particulier les personnages f&eacute;minins aux contours b&acirc;cl&eacute;s. En 1996, la merveilleuse, et &eacute;ph&eacute;m&egrave;re, s&eacute;rie&nbsp;<a href="https://www.youtube.com/watch?v=Gt7FFeN2K3I" rel="noopener" target="_blank">Profit</a>,&nbsp;d&eacute;peignait avec plus de sensibilit&eacute; un univers comparable, plus de profondeur de champ, de d&eacute;licatesse m&ecirc;me, dans l&rsquo;observation de la cupidit&eacute; la plus brutale.&nbsp;L&rsquo;on songe &agrave; ces paroles de&nbsp;<a href="https://www.youtube.com/watch?v=4EHJHqhqEz4" rel="noopener" target="_blank">Leonard Cohen</a>&nbsp;: &quot;And the dealer&nbsp;(en l&rsquo;esp&egrave;ce, il s&rsquo;agit du croupier, ndlr)&nbsp;wants you thinking/That it&#39;s either black or white/Thank God it&#39;s not that simple/In my secret life&quot; faisant &eacute;cho &agrave; cette formule de Philip Roth : &quot;As an artist the nuance is your&nbsp;task. Your task is&nbsp;not&nbsp;to simplify.&quot; On ne saurait mieux dire.&nbsp;

Une s&eacute;rie cr&eacute;&eacute;e par Jesse Armstrong. Avec Brian Cox, Hiam Abbas, Nicholas Braun, Sarah Snook, Jeremy Strong, Matthew Macfayden et Kieran Culkin. &Agrave;&nbsp;partir du 18 octobre.

La nouvelle saison de la série "Succession" arrive enfin !

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