Artiste plasticienne &eacute;clectique dont le travail s'impr&egrave;gne des utopies des ann&eacute;es 1970, Caroline Rennequin pratique la peinture depuis plus de trente ans. Un travail artistique qui s'articule autour de son rapport &agrave; la couleur, &agrave; la nature et &agrave; la f&eacute;minit&eacute;. Rencontre dans son atelier du 10e arrondissement de Paris, quelques jours avant son expo &agrave; Knokke-le-Zoute. &nbsp;

"J&rsquo;ai le don des couleurs. Je peins comme je respire. Partout tout le temps. Je ne consid&egrave;re pas mon activit&eacute; comme un travail mais plut&ocirc;t comme une qu&ecirc;te", s&rsquo;amuse &agrave; scander celle qui exposait tout l&rsquo;&eacute;t&eacute; ses &oelig;uvres dans l&rsquo;une des plus cool galeries de design de la C&ocirc;te : la Pass&eacute; Simple Vintage Gallery &agrave; Knokke-Le-Zoute.&nbsp;
&Agrave; 54 ans, Caroline Rennequin est une femme &eacute;panouie. Elle vit et travaille &agrave; Paris. Dipl&ocirc;m&eacute;e de l&rsquo;&Eacute;cole Estienne, de Duperr&eacute; et des Arts d&eacute;coratifs, elle est "set designer" pendant des ann&eacute;es pour la mode et le luxe. Directrice artistique pour la marque J&eacute;r&ocirc;me Dreyfuss, apr&egrave;s avoir travaill&eacute; pour Isabel Marant et Annick Goutal, elle r&eacute;alise l&rsquo;ensemble des d&eacute;cors des vitrines et boutiques du cr&eacute;ateur. En parall&egrave;le, elle m&egrave;ne une pratique artistique personnelle pluridisciplinaire, dans laquelle les questions de l&rsquo;ailleurs, de l&rsquo;intime et du f&eacute;minin, ou encore les relations entre artisanat, culture populaire, art non occidental et art contemporain tiennent une place de choix. Apr&egrave;s avoir fait sensation avec sa s&eacute;rie de 301 gouaches That&rsquo;s All Folks! r&eacute;alis&eacute;e en 2020 autour du motif universel de la fleur, des expos &agrave; Ibiza ou encore dans le Colorado, c&rsquo;est &agrave; Knokke, dans l&rsquo;antre vintage de Christophe Declercq, qu&rsquo;elle exposait cet &eacute;t&eacute; ses cr&eacute;ations.

Les racines sont un de vos th&egrave;mes de pr&eacute;dilection&hellip; Quelles sont les v&ocirc;tres ?
Mes racines sont en Espagne, en Italie, en France et en Belgique. Une partie de ma famille vient de Mons. Mon fils &eacute;tudie &agrave; l&rsquo;Acad&eacute;mie d&rsquo;Anvers. En tant qu&rsquo;artiste, c&rsquo;est important de s'ancrer dans une histoire. Quand je peins des racines, cela repr&eacute;sente une qu&ecirc;te de sens et d&rsquo;ancrage. Pour moi, la peinture est une qu&ecirc;te philosophique, une qu&ecirc;te de soi. Et puis, j&rsquo;ai depuis toujours &eacute;t&eacute; baign&eacute;e dans un univers artistique avec un sens aigu de l&rsquo;esth&eacute;tique. Tr&egrave;s jeune d&eacute;j&agrave;, ma m&egrave;re m&rsquo;a donn&eacute; le sens des couleurs. Mes parents ont toujours valoris&eacute; mon amour de l&rsquo;art. J&rsquo;ai &eacute;t&eacute; autoris&eacute;e tr&egrave;s t&ocirc;t &agrave; devenir artiste. J&rsquo;avais 20 ans quand j&rsquo;ai commenc&eacute; &agrave; peindre.
Vos sources d&rsquo;inspiration ?&nbsp;&nbsp;&nbsp;
Je m&rsquo;inspire de tout, tout le temps. Je suis travers&eacute;e par des images de voyages et de folklore, par l&rsquo;histoire de l&rsquo;art, la Renaissance, l&rsquo;art japonais, l&rsquo;art contemporain&hellip; Il se passe tout le temps des choses fabuleuses dans le monde. Je suis tr&egrave;s curieuse de ce qui se fait. Quand je peins, j&rsquo;&eacute;coute la radio ou des podcasts sur les grands artistes d&rsquo;hier et d&rsquo;aujourd&rsquo;hui. La nature est aussi une source d&rsquo;inspiration in&eacute;puisable.&nbsp;

Les fleurs et les couleurs chatoyantes de vos tableaux insufflent une &eacute;nergie tr&egrave;s f&eacute;minine, presque &eacute;rotique. C&rsquo;est voulu ?
&Agrave; mes d&eacute;buts, j&rsquo;&eacute;tais r&eacute;ticente &agrave; me d&eacute;finir comme artiste f&eacute;minine. Je voulais me sentir l&eacute;gitime en tant qu&rsquo;artiste tout court. En &eacute;voluant, je me suis rendu compte qu&rsquo;en fait, je me d&eacute;finissais comme femme avant tout. La douceur, l&rsquo;harmonie, l&rsquo;&eacute;quilibre, la sym&eacute;trie, la rondeur&hellip; Il aura fallu des ann&eacute;es pour que je me les autorise. Aujourd&rsquo;hui, j&rsquo;assume ma f&eacute;minit&eacute; et je la revendique. Je me souviens de la premi&egrave;re fois que j&rsquo;ai peint des fleurs. J&rsquo;&eacute;tais &agrave; New York et j&rsquo;ai eu comme une fulgurance. J&rsquo;ai peint des dizaines de toiles et puis je les ai oubli&eacute;es. Quelque temps plus tard, il y a eu le covid et, de retour &agrave; Paris, j&rsquo;ai &agrave; nouveau peint des fleurs. 301 gouaches au total. Cette s&eacute;rie de fleurs &eacute;tait un aboutissement artistique mais aussi personnel. Et puis, la galerie parisienne Yvon Lambert a expos&eacute; un livre sur ma s&eacute;rie. Une cons&eacute;cration et le d&eacute;but de magnifiques collaborations!&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;
Votre amiti&eacute; avec Isabelle Marant a &eacute;t&eacute; importante dans votre parcours. Comment vous &ecirc;tes-vous rencontr&eacute;es ?
On &eacute;tait tr&egrave;s jeunes quand on s&rsquo;est rencontr&eacute;es. On faisait la f&ecirc;te ensemble et elle avait besoin de quelqu&rsquo;un comme moi dans son &eacute;quipe. J&rsquo;ai commenc&eacute; &agrave; travailler pour elle en tant que coloriste. Je dessinais tous ses catalogues et puis j&rsquo;ai fait la direction artistique de ses d&eacute;fil&eacute;s. &Ccedil;a a tr&egrave;s vite cartonn&eacute;. J&rsquo;aimais beaucoup la mode mais je ne voulais pas l&acirc;cher ma pratique. Apr&egrave;s dix ans, je suis retourn&eacute;e &agrave; la peinture &agrave; plein temps. J&rsquo;ai ador&eacute; travailler avec une fille aussi puissante avec un style qui n&rsquo;appartient qu&rsquo;&agrave; elle. Isabelle ne fait de concession pour personne. Elle a une libert&eacute; absolue. Elle ne s&rsquo;excuse de rien et c&rsquo;est tr&egrave;s inspirant.

Vous avez &eacute;galement travaill&eacute; pour Annick Goutal. Racontez-nous cette collaboration.
Pour Annick Goutal, j&rsquo;ai peint &agrave; la main une s&eacute;rie de flacons de parfum et &ccedil;a a tr&egrave;s vite eu un succ&egrave;s fou ! C&rsquo;&eacute;tait des petites &oelig;uvres d&rsquo;art en &eacute;dition limit&eacute;e. Je faisais &eacute;galement les vitrines des boutiques. C&rsquo;&eacute;tait le luxe comme on n&rsquo;en fait plus. On r&eacute;alisait des &oelig;uvres &eacute;ph&eacute;m&egrave;res, des fleurs, des oiseaux&hellip; Tout &eacute;tait peint &agrave; la main. C&rsquo;est &agrave; ce moment-l&agrave; que je me suis rapproch&eacute;e de mon f&eacute;minin.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;

Comment travaillez-vous ?
Il m&rsquo;a fallu presque toute une vie pour trouver ma m&eacute;thode. Des milliers d&rsquo;essais et erreurs. Aujourd&rsquo;hui, l&rsquo;exp&eacute;rience et mon intuition me permettent d&rsquo;&ecirc;tre 100% sinc&egrave;re dans mon propos. Je travaille souvent dans ma maison de campagne, sur une grande table. Je fais tout &agrave; main lev&eacute;e. Il n&rsquo;y a pas de trac&eacute;. Sur les grandes toiles, je mesure juste l&rsquo;axe central pour d&eacute;jouer les illusions d&rsquo;optique. Apr&egrave;s, je peins &agrave; l&rsquo;instinct. Je ne r&eacute;fl&eacute;chis pas. Je fais d&rsquo;ailleurs bien souvent autre chose en m&ecirc;me temps comme appeler une amie ou &eacute;couter la radio. Enfin, je scanne l&rsquo;&eacute;quilibre, la sym&eacute;trie, l&rsquo;harmonie des couleurs. S&rsquo;il y en a une qui me d&eacute;range, je recommence tout. Dans mes &oelig;uvres, tout est calcul&eacute;. Il y a un ordre pr&eacute;cis, une notion d&rsquo;harmonie qui est essentielle. &Agrave; un moment, je d&eacute;cide de ne plus y toucher car j&rsquo;ai la conviction que l'&oelig;uvre est termin&eacute;e.

Quelle est la question qui vous irrite le plus ?
Quand on me demande quand je vais arr&ecirc;ter de peindre des fleurs... Je r&eacute;ponds syst&eacute;matiquement : peut-&ecirc;tre jamais !&nbsp;

L&rsquo;expo de Caroline Rennequin est &agrave; voir &agrave; la Pass&eacute; Simple Vintage Gallery, Zandstraat 18, Knokke.&nbsp;

Caroline Rennequin : la couleur des sentiments

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